RC Lens : Jean-Louis Leca, architecte discret d’un mercato de transition

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Il aurait pu profiter de sa retraite sportive pour se mettre au vert ou ouvrir un bar en Corse. Mais non : Jean-Louis Leca, désormais directeur sportif du RC Lens, a troqué les gants pour le téléphone, les négociations et les nuits courtes. Et c’est lui qui a tenu la boutique cet été, dans un mercato où il fallait jongler avec les finances, les départs attendus et les trous béants dans l’effectif.

Dans une interview exclusive à La Voix des Sports, Leca a livré un bilan lucide, parfois cash, de ce marché estival. On y découvre un homme qui apprend vite, consulte, anticipe… mais qui sait aussi improviser sans paniquer.

Une méthode : rigueur budgétaire et logique sportive

« On a essayé d’être méthodique et cohérent », résume Leca. Le mot d’ordre ? Réduction de la masse salariale et recentrage du groupe. Fini les effectifs pléthoriques, bienvenue à une version plus compacte et mieux structurée : « On souhaitait 22 plus trois gardiens, on est à 24 +3. » Un léger dépassement, justifié selon lui par l’émergence inattendue de jeunes talents : « Le coach a été surpris de leur qualité… Ces gamins-là existent dans le groupe. »
Objectif doublement atteint donc : contenir les coûts tout en redonnant un rôle central à la formation, pilier du projet lensois depuis l’arrivée de Joseph Oughourlian.

Priorités : gardiens et défense, le chantier urgent

Sans gardien titulaire après les départs de Samba et Ryan et Koffi, la maison Sang et Or aurait pu brûler dès juillet. C’est donc là que le mercato a commencé : « Ce qui était prioritaire, c’étaient les gardiens, on n’en avait plus. »
Puis est venu le dossier le plus sensible : la défense. Affaiblie, désorganisée, après les départs de Danso, Khusanov et Medina, elle nécessitait une remise à niveau rapide. C’est donc l’arrière-garde qui a été reconstruite en priorité, tandis que le secteur offensif, déjà bien pourvu, n’a pas été surchargé inutilement : « Devant, on avait énormément de joueurs. Ça ne servait à rien de mettre de l’énergie dans un attaquant. »

Ventes anticipées, recrutement ciblé

Contrairement à d’autres clubs, Lens n’a pas attendu que les offres tombent pour agir. « On savait que Neil El Aynaoui ou Andy Diouf allaient être attaqués. Donc on était prêts. » Une anticipation qui a permis d’acheter Mamadou Sangaré avant même que Diouf ne parte : « On a acheté le petit Mamadou Sangaré avant de vendre Andy. »
C’est là que se lit une forme de maturité stratégique : le club ne s’est pas laissé dicter son tempo par les offres du marché. Il a agi en avance, avec la volonté de garder le cap, sans paniquer.

L’humilité de l’apprentissage

Leca ne joue pas au directeur sportif tout-puissant. Il sait qu’il débute, il le dit, il l’assume. Et surtout, il consulte : « Je n’ai pas eu honte de me tourner vers ceux qui avaient de l’expérience. » Parmi ses mentors : Modesto (Juventus), Ghisolfi (Sunderland) ou encore Lorenzi (Brest). Trois profils différents, trois visions précieuses pour un Leca qui se construit à vitesse grand V dans l’ombre.

Un mercato imparfait, mais cohérent

Si tout n’est pas encore parfait, le coach aurait sans doute aimé un groupe plus épuré, la trajectoire générale est respectée. L’effectif est plus lisible, la masse salariale contenue, les jeunes intégrés, et les priorités sportives ont été traitées.
En résumé, pour son premier mercato comme directeur sportif, Jean-Louis Leca a fait le boulot. Sans grands effets de manche, sans feu d’artifice médiatique, mais avec sérieux, instinct, et une vraie volonté de faire les choses bien. Le terrain dira si le chantier est solide, mais une chose est sûre : pour un premier mercato en tant que décideur, le Corse n’a pas démérité.

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