Au RC Lens, on suit scrupuleusement les directives de la LFP qui demande aux clubs de ne pas commenter “l’affaire”, pour éviter une cacophonie qui nuirait aux débats. On imagine pourtant que les dirigeants lensois suivent au plus près l’évolution du dossier.
Dans l’édition du jour du journal l’Equipe, on peut enfin trouver une explication claire et détaillée expliquant comment Mediapro est allé dans le mur. Une belle immersion dans les coulisses des grandes manœuvres entre les trois diffuseurs institutionnels (Mediapro, Canal+, BeInSports). On comprend mieux comment Mediapro s’est fait prendre à son propre piège et se retrouve maintenant confrontée à de grosses difficultés financières.
Certains imaginaient que Mediapro roulait en sous-main pour le groupe qatarien (BeInSports), avec qui il était en affaires dans de nombreuses régions du monde. Ou alors qu’il espérait revendre encore plus cher tout ou partie de son acquisition. En fait, aucun de ces deux scénarios n’est le bon. Jaume Roures voulait simplement profiter de sa razzia sur le marché français pour négocier avec Canal +, mais pas pour réaliser une plus-value, impossible obtenir au vu de sa colossale mise de départ. L’idée était de revendre la chaîne cryptée, qui n’avait plus rien à se mettre sous la dent entre 2020 et 2024, le lot 1 (l’affiche du dimanche soir avec les dix matches phares de la saison), au prix coûtant, à savoir 330 M€. Avec ce tour de passe-passe, Mediapro allégeait très sensiblement son engagement financier, qui descend de 780 à 450 M€ annuels. A ce tarif, cela devient jouable en signant de bons accords de distribution contenant des minimums garantis, notamment avec le groupe Canal +. C’est ce modèle que Mediapro a développé en Espagne. Mais rien ne va se passer comme prévu. Lors des réunions avec les dirigeants du nouvel entrant, Maxime Saada, le président du groupe Canal+, ne céde pas la panique et refuse le deal proposé. Avant de crucifier Mediapro, le 9 décembre, en signant avec… belN Sports, qui lui revend (pour 330 M€) son lot de deux matches. Au passage, l’accord prévoit une distribution exclusive de belN Sports par Canal +. Dans ce contexte, Mediapro n’a plus aucun moyen de pression et doit se résoudre à lancer sa chaîne avec un business plan trop ambitieux. Avant de stopper les paiements la Ligue, invoquant la pandémie de Covid-19, un mois à peine après le démarrage de la saison…
On comprend mieux comment Mediapro s’est fait prendre à son propre piège et se retrouve maintenant face à de grosses difficultés financières.