Après plus de 50 ans de présidence de l’Union nationale des footballeurs professionnels, qu’il partage avec Sylvain Kastendeuch depuis 2006, Philippe Piat donne son avis sur le mercato et entend continuer au mieux de protéger l’intérêt des joueurs.
L’ancien buteur de l’AS Monaco et de Strasbourg bénéficie aujourd’hui d’une double page dans le quotidien l’Equipe pour exposer son point de vue. Philippe Piat fait partie de ceux notamment qui ont défendu l’arrêt des championnats avec l’arrivée du coronavirus. Ses combats ? La santé, le bien être des athlètes et la protection des joueurs dans cette formule du mercato qui ressemble de plus en plus à un marché à bestiaux. Par rapport à l’arrêt du championnat, qui a fait couler autant d’encre, Philippe Piat, qui ne manie pas la langue de bois, envoie un scud gratuit à l’adresse de Jean Michel Aulas et tous ceux qui ont alimenté la chronique durant le printemps : “Les mauvais coucheurs actuels ne font qu’alimenter les tribunaux et les conversations de brasserie du commerce.”
La crise du covid
Afin de ne pas couler, le foot français a bénéficié de toutes les dispositions de l’État, de ses aides en exonérations de charges, du chômage partiel jusqu’aux prêts garantis de manière collective ou individuelle avec la banque publique d’investissement, ce qui ne fut pas le cas dans beaucoup d’autres pays d’Europe. de plus, les clubs ont imposé, durant cette période, des baisses de rémunération de 15 à 30%.
Sachant qu’il y a beaucoup de disparités dans la réalité économique des clubs, certains ont préféré discuter des primes, d’autres de l’abandon d’une semaine de congés etc…
Salaire des joueurs
Le point le plus fort de l’interview concerne l’évolution du marché des transferts. “Les joueurs ne doivent pas être ramenés à des “bonnes affaires’’ ou à des “marchandises’’ !” assume le président. “Les gens ne sont plus prêts à voir des transferts à 200 M€ ! Le système des transferts est un monstre entretenu sciemment par des clubs. Aujourd’hui, ils veulent taper dans les salaires sans toucher au trading. Nous ne voulons plus de ce football qui vit dans sa bulle, éloigné des réalités et dont le système profite à des investisseurs volages, à des mercenaires qui viennent chercher du rendement à tout prix ! Nous devons définir un cadre, un package deal, un accord gagnant-gagnant, pour accompagner structurellement l’évolution de notre industrie afin qu’elle soit pérenne et rentable. Au-delà du salary cap, il doit y avoir un encadrement raisonné de la masse salariale dans le budget global des clubs.”
Suppression du mercato d’hiver
Philippe Piat milite également toujours pour la suppression du mercato d’hiver, point fort de son discours depuis plusieurs saisons : “Nous pouvons jouer sur certains leviers, comme l’encadrement du mercato d’été et la suppression du marché d’hiver. Pour plus d’équité, on doit limiter les effectifs comme c’est déjà fait dans les compétitions européennes. On doit contrôler les prêts, lutter contre la précarité des contrats, pour des quotas plus drastiques sur les joueurs formés localement, pour une meilleure répartition des droits télé pour permettre aux clubs formateurs de conserver leurs pépites plus longtemps, encadrer les conditions d’investissement dans nos Championnats, rétablir le droit à l’image collective. Toutes ces solutions peuvent aider à attirer de meilleurs joueurs étrangers ou des Français expatriés. Il faut aussi se poser les bonnes questions sur le plan structurel.”
L’UNFP s’était également montrée hostile à une Ligue 1 à 22 clubs et milite même pour un retour à 18 clubs. Bref, des mots forts dont Philippe Piat est coutumier. Sera t-il entendu, c’est une autre question, mais une chose est sûre, le gaillard de 78 ans n’a pas l’intention de freiner son combat.