Après une troisième défaite consécutive à Nantes, Jonathan Gradit, capitaine lensois pour cette rencontre, a tenu à écarter toute responsabilité du mercato hivernal dans la mauvaise passe actuelle du RC Lens.
Pourtant, de nombreux observateurs estiment que le départ de plusieurs cadres défensifs est la principale explication de cette situation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les Sang et Or ont encaissé sept buts en trois matchs, une situation inédite cette saison. Sans les interventions décisives de Koffi et Ryan, l’addition aurait pu être encore plus salée.
Face à la presse, Gradit a réfuté l’argument du « mercato responsable » : « Il faut arrêter avec les excuses et arrêter de se cacher derrière le mercato. Il y a toujours eu des départs, nos meilleurs joueurs sont partis chaque année : Seko Fofana, Jonathan Clauss, Gaël Kakuta… et on a toujours su rebondir. Aujourd’hui, nous ne sommes pas au niveau, il faut se remettre en question. »
Si son discours est en partie fondé, il omet toutefois une réalité incontournable : le mercato hivernal a bel et bien fragilisé l’équipe. Aguilar ne remplace pas Frankowski, et Sarr n’a ni l’impact de Danso ni celui de Khusanov. De plus, la défense, qu’elle soit à trois ou à quatre, avait été patiemment travaillée par Franck Haise et Will Still au fil des saisons. Jusqu’en décembre, les automatismes défensifs étaient encore reconnus comme un des points forts du RC Lens. Gradit évoque des départs passés (Clauss, Fofana, Kakuta), mais ceux-ci concernaient des secteurs de jeu différents.
Or, cette fois, ce sont trois éléments majeurs d’un groupe restreint qui ont quitté le club. En vendant sa défense cet hiver, Joseph Oughourlian a certes assuré la pérennité financière du club à moyen terme, mais il porte aussi une part de responsabilité dans la crise sportive actuelle. Était-il indispensable de laisser partir autant de défenseurs alors que l’attaque est en difficulté depuis le début de saison ? C’est bien la solidité défensive qui permettait au RC Lens de rester en course pour l’Europe jusqu’en janvier.
Le mercato a eu un impact significatif : Will Still avait bâti son plan de jeu sur un pressing haut, reposant sur des défenseurs capables de gérer les duels en un contre un dans la profondeur, une configuration qui n’est plus viable aujourd’hui. Résultat : en ce début février, l’entraîneur doit repartir de zéro avec un nouveau système et des joueurs qui n’ont pas eu le temps d’acquérir les automatismes nécessaires.
Si la défense retrouvera sans doute sa cohésion d’ici la fin de saison, le mal sera déjà fait, et le club risque fort de s’installer durablement dans le ventre mou du classement.