Jean-Louis Leca, le gardien du RC Lens, a l’honneur de figurer sur 5 pages de l’excellent magazine mensuel Sofoot de février sorti hier en kiosque.
L’occasion pour le portier Corse de faire le point sur sa carrière et d’aborder son futur. Une interview sans langue de bois comme Jean-louis Leca nous y a habitué. Une prise de parole vérité qui rend le personnage encore plus attachant, comme si c’était possible …
Extraits :
Etat d’esprit :
On part tous avec la merde au cul. On recrute Gaël Kakuta, qui est descendu avec Amiens. Moi, ça faisait trois ans que je ne jouais plus dans l’élite. Cheick Doucouré n’avait jamais connu la ligue 1, pareil pour Jonathan Clauss, Tony Mauricio, Simon Banza, Flo Sotoca… Et on prend un nouvel entraineur. Aujourd’hui, on a plus d’expérience, on tire tous dans le même sens, il y a de la continuité dans le travail. Nos dirigeants insistent beaucoup sur l’humain dans le recrutement. Si humainement ça fonctionne, que tu as un bon entraineur et de bons joueurs, ça réduit les incertitudes… Et quand tu passes des saisons comme ça, tu as envie de mordre.
Son parcours
Quand il manquait un gardien avec les U16, il fallait que j’y aille. Si je ne jouais pas en CFA, le lendemain, j’étais avec les U19. Je ne faisais jamais la saison dans la même catégorie. J’étais un bouche-trou.
J’ai toujours eu des étiquettes: “S’il est d Bastia, c’est parce qu’il est corse”, “S’il est Valenciennes, c’est parce que Penneteau l’a fait venir…” Quand j’ai commencé, j’entendais: “C’est le coupeur de citrons qui entre.” Mais petit à petit, les gens se sont dit: “Ah, mais en fait, il n’est pas si nul!”
Sa scolarité
Je n’ai jamais été un modèle. Aujourd’hui, on arrive ä mettre un nom sur chaque problème que peut rencontrer un gosse: les dysgraphiques, les dyscalculiques, les dyslexiques… Moi, des “dys”, j’en avais une paire! A la fin de la troisième, j’ai décrété que je ne voulais plus aller à l’école.
La bouteille de Payet
II y a 30 ans, il n’y avait pas que des bouteilles! Pendant que mon père regardait tranquillement son match en tribune Ouest, mon oncle jetait des bombes agricoles!
Similitudes Corse – Nord de la France
Quand je suis arrivé dans le Nord, des voisins m’ont dit: “Si vous avez besoin de n’importe quoi…”, “Venez manger à la maison”… Ici, les gens sont dans l’entraide. Ils sont très fiers de leur terre, de leurs terrils, de leur culture. Nous, c’est pareil. En Corse, on sait qu’il y a la nature à protéger et un respect à avoir envers les gens.
Là, par exemple, je suis en train de refaire la maison du village où sont nés ma grand-mère et mon arrière grand-père, c’est à Pietra-di-Verde. II y aura forcément des gros travaux, ça va être une galère, mais je veux montrer à mes enfants où est née mémé, leur expliquer pourquoi, à l’époque, ma famille vendait de la charcuterie dans le village, que tonton Antoine et tonton Jeannot montaient faire la transhumance avec les chèvres… Quand je remonte au village et que je sais que mes anciens sont passés par ici ou par là, ça me fait toujours quelque chose.
Son futur
Je ne dis pas que ce ne serait pas beau de boucler la boucle en finissant à Bastia. Mais là, je suis très bien là où je suis. On fera un point à la fin de la saison avec mes dirigeants.
“On est contents de travailler ensemble?” Si oui, on avance, sinon, on se serre la main. Moi, quand je vais recroiser les gens du RC Lens, je ne vais pas changer de trottoir.
Statut à venir à Lens, numéro 1 ou numéro 2
Je peux accepter d’être numéro 2. Je ne suis pas gardien de l’équipe. Je suis un gardien du RC Lens. Numéro un, deux ou trois, je serai fier de continuer à me battre pour ce club.
Et puis, j’ai 36 ans, je sais que ma carrière va bientôt se terminer. Si c’est dans un mois, deux mois, un an, deux ans, j’en sais rien…