Franck Haise a profité du déplacement de l’OGC Nice à Bollaert pour lever le voile sur certains aspects de sa prise de décision de quitter le RC Lens en mai dernier.
Hier déjà, dans la Voix des Sports, on pouvait lire que l’ancien coach Sang et Or avait lui-même choisi de partir. “C’est moi qui ai décidé. J’ai préféré décider de changer. Ce n’était pas une réflexion qui était définitive, elle a été menée, j’ai même plutôt pensé rester dans les dernières semaines, c’est vrai.” avait avoué Franck Haise.
Aujourd’hui, interrogé par Joël Domenighetti de l’Équipe, le technicien va plus loin dans les explications. Les sollicitations pour recruter Franck Haise auraient débuté lors du mercato estival 2023. “J’ai eu pas mal de sollicitations, en France (Marseille, Monaco) et à l’étranger” a-t-il confié, “mais j’ai dit à mon président que je resterais. Notamment pour vivre la Ligue des champions avec Lens. Il y avait la notion de fin de cycle dans ma réflexion. Je voulais m’occuper du changement avant que le changement ne s’occupe de moi.”
Mais quelques mois plus tard, Franck Haise a demandé à rencontrer Arnaud Pouille pour lui faire part de son désir d’arrêter le poste de manager qui lui avait été confié quelques mois plus tôt : “Je savais que je n’aurais plus l’énergie ni la clairvoyance nécessaires.”
Puis, le coach a repris du poil de la bête, il avait même commencé à travailler sur le mercato 2024-2025 avec Frédéric Hébert, avec qui le courant passait bien, et s’était même projeté sur l’acquisition d’une maison : “J’avais visité une maison sur le golf d’Arras, une autre à Anzin-Saint-Aubun, à Mont-Saint-Éloi. Mon épouse à Duisans. On en avait regardé une à Mérignies, au sud de l’aéroport (de Lille-Lesquin). Je n’avais pas fait tout ça avant la fin du Championnat pour le plaisir.”
Mais dans le même temps, la relation entre Joseph Oughourlian et Arnaud Pouille s’est distendue. Selon le quotidien sportif, le président voulait commencer à récupérer un peu de cash. La non-arrivée du fonds américain Isos Capital l’en a empêché.
C’est là, le 18 avril, que Joseph Oughourlian frappe du point sur la table. Il convoque Arnaud Pouille, Franck Haise et Benjamin Parrot au château de Beaulieu à Busnes, chez Delphine et Christophe, des amis du coach. Ce soir-là, le président aurait dégainé le nom de Diego Lopez, devenu depuis peu directeur sportif.
“Le président voulait de nouveau restructurer le secteur sportif. “ raconte Franck Haise, “À ce moment-là, je lui dis que j’étais dans une grosse forme d’interrogation. Qu’il existait une possibilité que je parte.” Au terme d’une discussion jugée houleuse, Joseph Oughourlian a décidé d’imposer Lopez, certainement la goutte qui a fait déborder le vase.
“J’ai préféré partir de moi-même plutôt que d’être contraint de le faire six mois ou un an plus tard. J’ai quitté Lens en raison du départ d’Arnaud Pouille, avec qui j’entretenais une relation de confiance. Je me disais que j’allais encore recommencer de zéro.” a finalement avoué Franck Haise.
Et c’est là que Franck Haise accuse Joseph Oughourlian de mensonge. Le président Lensois, lors de la réunion d’intronisation de Pierre Dréossi, avait lu un texte, celui d’un message reçu de son coach disant que sa décision était prise, le président avait même ajouté “Je n’ai pas cherché à le garder de gré ou de force.”
“Le seul texto que je lui ai envoyé est daté du 26 mai à 16 h 53”, dément Haise. “Je lui explique que j’ai décidé de partir. Le 31 mai, à 21 h 24, il m’envoie : “Salut coach, cher Franck, juste un mot pour te remercier pour ces quatre années merveilleuses au club et te souhaiter le meilleur pour le reste de ta carrière, tu le mérites. Je t’embrasse, Joseph. Ma dernière réponse fut :”Merci président, sept saisons au total.”
Finalement, Franck Haise s’est engagé avec Nice, après avoir refusé des propositions de “deux autres clubs français, deux autres pour l’étranger, un anglais et un en Arabie saoudite. Je souhaitais rester en France. J’ai senti assez vite que Nice me voulait vraiment.”
Cette histoire est finalement la banale histoire d’une fin de cycle, de cadres d’une société qui ne sont plus sur la même longueur d’onde et qui décident de mettre fin à leur relation.