Noté 8/10 par L’Équipe et élu meilleur gardien de la 29e journée de Ligue 1, Yehvann Diouf (Reims) semble avoir réalisé un match XXL face au RC Lens. 37 tirs, 14 cadrés, 57 centres… et zéro but encaissé. Sur le papier, la performance impressionne. Mais à y regarder de plus près, faut-il vraiment crier au génie ? Ou se poser des questions sur l’attaque lensoise, plus inefficace que jamais ?
Beaucoup de tirs… pour rien
Le chiffre brut donne le tournis : 37 tirs lensois. Oui, mais pour quel danger réel ? En revoyant le match, une évidence saute aux yeux : Yehvann Diouf n’a pas eu à sortir le grand jeu. Aucun arrêt réflexe de grande classe, pas de duel remporté in extremis… Le seul frisson est venu d’une tête de Koyalipou, plutôt bien placée, mais pour le reste, la majorité des tentatives sont arrivées dans les gants du gardien. Diouf lui-même l’a reconnu après la rencontre : « C’était un match intense, mais je n’ai pas eu énormément de travail difficile. »
Une animation sans finition
Les centres ? Ils pleuvent. Les tirs ? Ils s’enchaînent. L’envie ? Elle est là. Mais à quoi bon une animation offensive dynamique si aucun attaquant ne se trouve au bon endroit, au bon moment ? Sur les 57 centres adressés, un seul a véritablement trouvé preneur. Le RC Lens a marqué un but sur plus de 100 centres sur les deux derniers matchs cumulés. Une statistique inquiétante.
Cat la stat de Reims n’est pas un phénomène isolé : il y avait déjà eu plus de 50 tirs contre Saint-Étienne pour seulement un but inscrit. Le problème est structurel. Il ne s’agit pas d’un manque de volume, mais bel et bien d’un cruel déficit de talent dans les 30 derniers mètres.
Des attaquants sans impact
Avec un expected goals (xG) supérieur à 3 contre Reims, Lens aurait dû, en théorie, marquer au moins deux ou trois fois. Pourtant, aucun but au compteur. Le constat est implacable : aucun attaquant lensois ne parvient à faire la différence.
Par comparaison, Elye Wahi – pourtant souvent critiqué – avait inscrit 12 buts la saison dernière. Son remplaçant, Nzola, plafonne à 6. Le reste du secteur offensif n’est guère plus inspirant : Sotoca (1 but), Saïd (2), Koyalipou (2), Agbonifo (1)… et aucune régularité.
Will Still, impuissant, jongle avec les systèmes et les profils à chaque match, sans jamais trouver la bonne formule : « Il y a peut-être des changements que j’aurais pu mieux gérer, mais je ne peux quand même pas pousser le ballon au fond », a t-il lâché, fataliste, en conférence de presse.
Une phase retour inquiétante
Depuis début janvier, les chiffres sont cruels : 15 points pris en 12 matchs, 11 buts marqués seulement, et une 12e place au classement des matchs retour. L’animation tient encore debout, mais le RC Lens se heurte, match après match, à la même impasse offensive.
Yehvann Diouf a-t-il brillé face aux Sang et Or ? Peut-être. Mais il n’a surtout jamais vraiment tremblé. Et c’est bien là le cœur du problème pour le RC Lens.